Interview de Juliette Mercier alias @stomiebusy

Vous êtes nombreux à connaître @stomiebusy illustratrice stomisée de talent. Ses dessins nous racontent avec humour, bienveillance et sans tabou sa vie avec une stomie à travers des anecdotes mettant en scène son Amoureux, Marlito son chien et son métier d’enseignante.

D’abord fan followeuse sur Instagram, cliente compulsive d’illustrations : Juliette travaille à « façon » et vous propose des portraits qui font mouchent à chaque fois, demandez-lui, contactez là !

J’ai eu la chance de la rencontrer pour de vrai il y a presque deux ans à Bordeaux dans le cadre des rencontres organisées par Urilco Gironde.

Cette année, l’affiche de Mars Bleu (mois de sensibilisation du dépistage du cancer colorectal) de FSK a été réalisée par ses soins.

Ma première interview …

  • Pourquoi es-tu stomisée et depuis quand ?

J’ai une maladie de Crohn diagnostiquée vers l’âge de 16 ans. S’en est suivi des années de traitement jusqu’à une iléostomie à l’âge de 28 ans en 2017.

  • Pour toi quel est le plus gros tabou ?

La poche à caca !!!

L’image qu’une poche est sale, qu’elle sente mauvais, que c’est un appareillage pour personne âgée. Cette image à la peau dure... Sûrement renforcée par l’utilisation erronée et totalement idiote de l’anus artificiel ! On ne se fait pas caca dessus, ce n’est pas un anus c’est une stomie.

  • L’idée la plus fausse que ton entourage avait sur la stomie ?

Que j’allais être handicapée, limitée dans ma liberté alors que c’est tout le contraire qui arrive !! Ils ont été très rapidement rassurés en me voyant revivre. C’est aussi à ce moment que j’ai compris à quel point j’ai été un poids et une source de stress pendant tout le temps de la maladie. J’ai vu disparaître l’angoisse des questions : Est-ce que Juliette sera en forme ? Est-ce qu’elle pourra venir ? Est-ce qu’elle pourra manger ? Comment va-t-elle ?

Et la normalité est de nouveau revenue à la maison.

  • Des conseils pour un futur stomisé ?

Ne pas hésiter à essayer plusieurs types de matériels, une fuite n’est pas une fatalité. Il y’a forcément une poche qui correspond à sa morphologie. Rencontrer référents stomathérapeutes, poser des questions, etc. Un conseil pour les professionnels de santé : faites rencontrer des patients aux futurs stomisés, ça vaut tous les discours. J’ai eu la chance de rencontrer deux filles de mon âge qui m’ont témoigné de leur joie de vivre avec poche et qui ont répondu à mes questions : c’était très rassurant.

  • Le(s) plus beau(s) compliment(s) que l’on t’a fait ?

L’amour. J’ai rencontré mon amoureux 4 mois après la stomie et même si au départ je lui parlais d’un pansement au lieu de la poche et que je mettais une nuisette pour nos galipettes, il a été séduit par mon énergie et mon insatiable volonté de croquer la vie. Un beau jour, je lui ai avoué pour la supercherie et sa réponse fut sans appel : « et alors ? Ok, qu’est-ce qu’on mange ? ».

La reconnaissance professionnelle avec @stomiebusy. Grâce à ce personnage derrière lequel je me cache, un métier dont je peux en vivre, la concrétisation d’un rêve : devenir illustratrice est en passe de se réaliser.

  • Si tu n’avais plus de stomie qu’est ce qui te manquerait le plus ?

Je ne veux pas d’une remise en continuité !! Ma poche fait partie de mon corps et je n’envisage pas la vie sans elle.

  • Tu peux nous parler de tes projets professionnels ?

Je travaille ardemment sur un roman graphique (format 19x26), autobiographique de 130 pages qui devrait être dans toutes les bonnes librairies en septembre aux éditions Leduc. Et ça, c’est juste trop chouette. Mais nous lui laisserons l’occasion de nous présenter son « bébé »

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