La_mode_sans_tabou_1 Ma fraise et la mode sans tabou

Ma fraise et la mode sans tabou

Et si c’était nous qui portions le plus mauvais regard sur notre poche ?

Si c’était nous, porteurs de stomie, qui nourrissions le tabou de notre différence ?

De plus en plus de créateurs s’intéressent à la mode inclusive et affichent nos différences sans complexe.Parenthèse : je n’aime décidément pas ce mot inclusion, son premier sens, le sens étymologique étant un défaut dans une pierre précieuse, généralement le diamant... alors oui, je veux bien être le diamant mais certainement pas son défaut. Oui, soyons inclus dans la société, dans la mode, dans la vie normale mais sans défaut !! Je tente un nouveau mot pour un nouveau sens : « inclurion » du verbe inclure.

Deux exemples concrets : LC inclusive fashion (vêtements haut de gamme sur mesure pour porteur de stomie ou victime de cancer du sein et de chirurgie invasive) et Carre Y (bijoux fantaisies inclusives et genderless).

Inclusive... l’école est devenue inclusive après la loi de 2019 (après la loi de 2005). Ça veut dire que l’on inclut, notamment, le handicap dans l’école.

La mode inclusive c’est la même chose... On utilise dans les publicités des personnes différentes : obèses, albinos... stomisées pour valoriser la marque : Kim Kardashian, Tommy Hilfiger sont des bons exemples, il suffit de regarder leur site pour voir, admirer et pourquoi pas s’en inspirer.

En France, Laurence Charnay a créé une ligne de vêtements haut de gamme adaptée pour nous les personnes stomisées ou pour les femmes ayant subi une ablation du sein. Ses vêtements ont fait l’objet de dépôt de 3 brevets, ils sont faits sur mesure, parfois peints à la main et utilisent des matériaux nobles (lin, soie...). Son choix de créatrice s’est délibérément porté sur nous, pour permettre aux personnes stomisées de s’habiller et se mettre en valeur de manière à regagner confiance en nous. C’est inscrit dans son ADN !!

La mode sans tabou 2

Carre Y, c’est une marque de bijoux imaginée par Yacine qui se revendique inclusive et genderless (qu’on pourrait traduire par « sans genre » c’est-à-dire : mixte). Son positionnement en termes de clients est clairement annoncé : il s’adresse aux personnes qui sont différentes, que ce soit par choix (je veux montrer, me démarquer) ou par nature (je veux montrer ma spécificité).

Ces deux marques ont décidé, dès leur création, de choisir comme cœur de clientèle les personnes « différentes ».

J’en suis donc arrivée à me demander si au fond le premier obstacle en termes d’image de soi n’était pas simplement de notre fait et uniquement de notre fait. La société travaille dure à changer le regard et les droits des personnes « différentes ».

La mode suit le mouvement. Évidemment, la motivation philanthropique n’est pas l’unique source d’inspiration et alors ? Certains individus mettent en exergue leur différence tandis que nous essayons de camoufler la nôtre. Attention, je ne plaide pas pour le fait de suivre la mode à ton crin (Karl Lagarfeld disait qu’être tendance c’est le dernier stade avant le ringard) : évitons le faux pas !! 😂

Il nous reste à nous, personnes « différentes », de changer notre regard. Celui sans pitié que nous portons sur notre corps. Je ne dis pas de brandir notre poche comme un étendard (quoi que @KangourooGirl le fait magnifiquement sur les réseaux sociaux, mais nous ne sommes pas tous des « Kangouroo »). Il faudrait juste l’accepter, qu’elle puisse vivre sa vie tranquillement, aller à la plage, être à la mode, en parler librement, la laisser s’exprimer bruyamment.

Les choses changent (heureusement) à nous de prendre le train en marche, à chacun son mauvais goût.

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